Selection Presse 3

BIOGRAPHIE

Compositrice, vocaliste et cheffe d’orchestre, Ellinoa est à la fois une leader affirmée et une sidewoman de luxe. À l’aise dans les contextes les plus divers, elle navigue entre jazz de création, musique orchestrale, pop expérimentale, improvisation libre et même parfois swing. Lauréate de nombreuses distinctions (artiste d’honneur au Saint-Omer Jaaz Festival 2021, « GENERATION SPEDIDAM » 2018-2022, Fondation Interfréquence, Prix de soliste Action Jazz 2017, Jazz en Ouche 2015, Jazz en Baie 2014), elle aime raconter des histoires grâce à toutes sortes d’outils, de la composition musicale à l’écriture de textes en passant, pour sa dernière création, par la conception d’un jeu vidéo. Dans cette constellation, un fil rouge : jouer sur la frontière entre le connu et l’inconnu, pour permettre une expérience sensible nouvelle et inattendue.

Élevée dans une famille où la musique est omniprésente, Camille Durand parle du chant comme de sa « première langue maternelle ». À l’âge de 5 ans, elle intègre la chorale de sa mère, puis apprend le piano, s’initie au saxophone et participe à différents orchestres scolaires. Très tôt attirée par la composition, elle effectue ses premières explorations en autodidacte sur le logiciel Finale ou au piano. Après un détour de quelques années à Sciences Po, elle obtient un DEM Jazz au conservatoire de Bobigny, puis un Prix d’Excellence et une Mention spéciale du Soliste au Centre des Musiques Didier Lockwood, où elle donne aujourd’hui régulièrement des masterclasses. À partir de cette époque, Camille Durand devient Ellinoa, et mène de front composition, improvisation, chant et direction de groupe.

En 2014, elle crée le Wanderlust Orchestra, une utopie en forme d’orchestre comptant aujourd’hui 15 musiciennes et musiciens, et qui devient le laboratoire principal de sa créativité. Doté d’une instrumentation originale (comprenant entre autres saxophones, trombone, flûte, cor anglais, quatuor à cordes, et depuis récemment piano préparé et double batterie), l’ensemble publie en 2018 un premier album remarqué, Wanderlust Orchestra. Notamment influencé par Maria Schneider, Carine Bonnefoy et le Pat Metheny Group, il se situe à la croisée du jazz, de la musique symphonique et de la musique de film. Générant une multitude d’images, la musique raconte une histoire, et Ellinoa — ici comme ailleurs — tisse le fil de ses compositions à partir de narrations imaginaires. À la voix, elle explore différents visages, depuis la place de vocaliste improvisatrice fondue dans l’orchestre à celle de chanteuse et conteuse placée devant. En 2022, avec la parution d’un deuxième album, la compositrice déploie encore davantage son langage multiforme et multi-directionnel. Écrit pour la 3D sonore, Ville totale est un album-concept situé quelque part entre le conte dystopique, la suite symphonique et le jeu vidéo. Échappant à toute tentative de catégorisation, il prend un malin plaisir à faire des rapprochements inattendus, à jouer avec les codes de multiples styles, et à se tenir là où on ne l’attend pas.

Cette diversité des formats et des esthétiques se retrouve dans ses autres projets, depuis le jazz brûlant de l’Ellinoa Sextet (Old Fire, 2015) à la pop expérimentale d’Ophelia (The Ballad of Ophelia, 2020), en passant par l’improvisation libérée de ses duos occasionnels avec Robinson Khoury, Laurent Derache, Gauthier Toux ou Balthazar Naturel. À chaque fois, il s’agit de prendre une direction nouvelle, de créer un concept sur mesure et de faire jaillir de l’inouï. En équilibre à la lisière de différents styles, Ellinoa joue avec les codes établis pour en créer de nouveaux. À l’écoute, tout se passe comme si rien n’était tout à fait ce qu’il semblait être au premier abord. Ce goût pour le détournement s’incarne également dans le projet Björk Acoustik, en hommage à une autre de ses grandes influences, qui a notamment été développé à L’ESTRAN, scène pluridisciplinaire de Guidel (56), où Ellinoa était en résidence de 2019 à 2021. En définitive, dans sa propre musique comme dans les commandes qu’elle reçoit, il s’agit toujours de créer de l’étrange à partir du familier grâce à des déplacements, des associations et des juxtapositions inédites, et, réciproquement, de donner à ce qui est étranger des couleurs familières.

Sa capacité à se promener entre les esthétiques avec une virtuosité technique et une agilité vocale déconcertantes fait d’Ellinoa une sidewoman prisée. Au sein de SHADES, un groupe polyphonique swing, elle revisite les standards de Broadway et les chansons qui ont fait la fortune de Frank Sinatra et Nat King Cole (Blue Skies, 2018). Dans  Theorem of Joy, elle se met au service du jazz post-rock onirique de Thomas Julienne (Theorem of Joy, 2018 ; L’hiver, 2021 ; Dysnomia, 2022). En 2019, Frédéric Maurin fait appel à elle en tant que compositrice et vocaliste pour le programme Rituels de l’Orchestre National de Jazz, qui flirte avec la musique contemporaine (Rituels, 2020). En 2021, elle participe à la recréation par l’ONJ et Patrice Caratini d’Anna Livia Plurabelle, le chef d’œuvre d’André Hodeir. En 2022, elle apparaît sur le dernier album de Ludivine Issambourg et Antiloops, Supernova, qui superpose à de l’électro-jazz des influences de pop nordique. Enfin, elle collabore ponctuellement avec Anne Pacéo, et a partagé la scène ou des moments en studio avec Omar Sosa, Sixun, David Linx ou encore Carine Bonnefoy.

Parallèlement, Ellinoa s’est toujours intéressée aux conditions d’exercice et de production de la musique. Après avoir intégré la fédération d’artistes  Grands Formats avec le Wanderlust Orchestra, elle en a récemment été nommée Vice-Présidente. En 2021, au moment du confinement, elle contribue à la création d’AdLib TV, une chaîne de live-stream pour continuer à faire vivre le jazz émergent live, même à distance. Enfin, elle porte avec Leïla Martial un  appel pour une écologie de la musique vivante, et intervient régulièrement à ce sujet dans diverses instances.

En 2024, elle est finaliste pour la direction de l’Orchestre National de Jazz (ONJ).

(biographie rédigée par Raphaelle Tchamitchian, bio courte sur demande)

ILS EN PARLENT

« En cinq ans à peine depuis son premier disque, la chanteuse, compositrice et songwriter a creusé son sillon dans l’univers hétéroclite du jazz et des musiques improvisées, pour en devenir l’une des artistes les plus éclectiques, inclassables et prometteuses. »
France TV Info
« Ellinoa, inclassable magicienne, entre jazz et pop expérimentale. Une artiste originale à la voix cristalline, qui risque de marquer la scène française. »
Télérama
« Elle compte incontestablement parmi les musiciens les plus en vue du moment, multipliant les initiatives et les rencontres. »
La Terrasse
« Une chanteuse et compositrice hors normes, une voix totalement libre »
Jazz Magazine
« Une chanteuse à l’univers éminemment personnel et riche de mille saveurs »
TSF Jazz, Deli Express

« Ellinoa, c’est d’abord l’ouverture d’un monde. Rares sont les jeunes musiciens qui parviennent immédiatement à créer un univers solide et en perpétuelle extension sans perdre de sa cohérence, et pourtant, la chanteuse et cheffe d’orchestre est de ceux-là. Diriger un orchestre en grande formation est une gageure. Le faire lorsqu’on est chanteuse, instrument-voix parmi d’autres instruments, est un défi supplémentaire. Pourtant, avec le Wanderlust Orchestra, Ellinoa réussit l’exploit de construire à sa main l’outil idéal pour pouvoir aller au bout de ses idées.

C’est le cas pour Ville Totale, projet d’envergure qui emprunte aux dystopies des futurs potentiels avec un instrumentarium luxuriant. C’était le cas pour ce premier album en guise de manifeste où chaque titre est un mot-concept emprunté à une langue étrangère et potentiellement intraduisible en un vocable. Wanderlust, en lui-même, en est un mot anglais intraduisible, qui définit la bougeotte, le besoin de voyage, le désir d’aventure. Une définition idéale des mantras de la chanteuse, qui sait offrir de beaux voyages intérieurs comme ceux d’Ophelia, projet en quartet où les couleurs se teintent de brillantes influences, de Björk à Maria Schneider. C’est Denis Desassis qui l’écrit dans Citizen Jazz : cette musique est « un ailleurs qu’on peine à définir parce qu’Ellinoa a cette faculté, rare, d’inventer de toutes pièces un univers sui generis, impossible à maintenir sous la cloche d’une définition forcément trop restrictive. »

Mieux, cet aspect aventureux est largement contagieux aux projets d’autres, auquel elle participe. Ainsi le Theorem of Joy de Thomas Julienne, qui est aussi un délice d’orchestration et d’arrangement. Idem pour l’Orchestre National de Jazz de Frédéric Maurin, où son univers et son souci du détail ont beaucoup contribué à la réussite de Rituels, disque récent de l’orchestre institutionnel français.

Mais tout ceci ne peut s’arrêter au simple domaine artistique. C’est ainsi qu’Ellinoa s’implique dans la fédération des Grands Formats qui réunit les orchestres de plus de huit musiciens et les collectifs en France et désormais partout en Europe. C’est une activité importante qui brasse bon nombre d’artistes et est un vrai catalyseur d’idées et d’envies. Dans le même ordre d’idée, elle a participé à la création d’AdLib TV, plate-forme de concerts à emporter créé comme début de réponse à la crise du COVID-19.

Symbole d’une génération du jazz européen qui sait s’organiser, se défendre et se réinventer, Ellinoa n’a pas fini de nous surprendre. Et de nous ravir. »

Franpi Barriaux, oct 2021